Les droits d’auteur sur le tatouage : l’utilisation d’un modèle est-il considéré comme non-professionnel ?

Qu'est-ce que le droit d'auteur sur les tatouages ​​? Puis-je me faire tatouer une image protégée par des droits d'auteur ? L'utilisation d'une référence pour l'art du tatouage est-elle considérée comme non professionnelle ? Qu'est-ce que l'art ? Est-il propriétaire ? Et est-ce qu'une œuvre d'art est vraiment originale ?

Ce sont des questions qui intriguent le monde de l'art depuis le début de l'histoire. Parce que pratiquement chaque œuvre d'art que vous appréciez, consommez, achetez ou créez a été influencée par quelque chose d'autre. Et ce n'est pas différent lorsqu'il s'agit de tatouages. Parlons du droit d'auteur sur les tatouages.Cependant, bien que chaque œuvre d'art provienne d'une référence, cela ne veut pas dire que l'art n'est pas original ou vraiment authentique. Le problème réside souvent dans la définition de ce qui est original et de ce qui peut être possédé par rapport à ce qui peut être utilisé dans un contexte différent ou réinventé d'une manière différente.

Les frontières peuvent devenir floues et, dans certains cas, cela peut causer des ennuis à votre artiste tout en affectant la réputation du salon. Il est donc important que vous soyez au courant de tout problème dans ce domaine. D'autant plus qu'une affaire judiciaire historique est actuellement intentée contre une célèbre tatoueuse parce qu'on lui a demandé d'utiliser une référence photographique de l'image protégée par le droit d'auteur d'un photographe.

Droit d'auteur sur les tatouages : les artistes doivent protéger leur travail

En tant qu’indépendants, les tatoueurs sont très protecteurs de leur travail. Leur style unique peut prendre des années à se développer et à se perfectionner, et cela peut aussi faire la différence entre être un tatoueur à faible revenu ou un tatoueur très performant. Et c'est l'une des raisons pour lesquelles un artiste copiant le travail d'un autre sera très mal vu dans l'industrie. Il est à noter que les artistes sont généralement des gens avec beaucoup de principes qui n'apprécieront pas non plus une violation de leur déontologie. 

Ainsi, tout artiste qui semble copier le travail d'un autre peut rapidement faire face à des retours négatifs, voire dans certains cas à un procès. Dans ce genre de cas l’industrie n’hésite pas à nommer et à faire honte aux artistes imitateurs. Et la bonne réputation de votre studio pourrait également être rapidement entachée.

Pour ces raisons, en tant que propriétaire de salon, il est important de s'assurer que vos artistes développent et produisent leur propre travail, et ne soient pas tentés de gagner de l'argent rapidement et facilement en redessinant les conceptions uniques de quelqu'un d'autre.

Quand on parle de droit d'auteur sur les tatouages, c'est l'originalité qui prime

Bien sûr, l'art le plus précieux - celui qui remportera des prix Turner ou qui sera vendu aux enchères pour des millions - est si précieux principalement parce qu'il est plus unique que tout ce qui existe. La boîte de Campbell's Soup d'Andy Warhol est un exemple de la façon dont une œuvre développée par quelqu'un d'autre - la forme et la conception de l'emballage d'une boîte de soupe - a été réinventée à travers le prisme du pop art. Sa réinvention psychédélique, avec ses couleurs luminescentes, représentait une nouvelle ère du consumérisme du XXe siècle où quelque chose d'aussi fonctionnel et ordinaire pouvait devenir quelque chose d'extraordinaire - une pop star.

Si l’artiste avait simplement pris une photo de cette boîte de soupe, des problèmes seraient apparus. Il aurait probablement été poursuivi par Campbells pour avoir exploité leur marque et leurs droits d'auteur pour gagner de l'argent. Et pareil pour ses portraits de Marilyn Monroe.

Posez votre propre empreinte sur la tradition

De la même manière, les créations de tatouage peuvent être dérivées. L'art traditionnel, par exemple, est basé sur un ensemble assez établi de symboles comme des crânes, des roses et des souvenirs de marins que les marins auraient portés comme insignes d'honneur. Le mouvement du design néo-traditionnel d'aujourd'hui a retravaillé certains de ces symboles, mais en a également ajouté de nouveaux.

Cependant, les artistes sont censés apprendre cette tradition tout en y ajoutant leur propre signature. Et cela peut parfois être délicat. Par exemple, vous avez peut-être vu un style, l'avez oublié, puis inconsciemment le reproduit plus tard comme le vôtre.

En effet, les avocats du droit d'auteur traitent de telles questions depuis longtemps. Lorsque l'auteur-compositeur George Harrison a lancé sa carrière solo avec My Sweet Lord, il est allé directement au numéro un des charts. Malheureusement pour lui, la structure principale de la mélodie reflétait une chanson sortie une décennie plus tôt : He’s So Fine de The Shirelles. George a perdu son procès et a porté un coup temporaire à sa réputation. Cela aurait pu avoir des répercussions beaucoup plus importantes pour lui, mais le fait est qu'il était  un Beatle très bien-aimé.

Que dit la loi sur le droit d'auteur dans ce domaine ?

Selon la loi américaine, la protection du droit d'auteur existe pour les œuvres originales dans tout moyen d'expression tangible qui peut être perçu, reproduit ou communiqué.

Bien sûr, la peau de quelqu'un relèverait d'un support tangible et ses tatouages ​​pourraient potentiellement être reproduits par le biais de photographies, de vidéos ou même de jeux vidéo. Mais ce qu'il est également important de savoir, c'est que c'est l'artiste d'origine et non la personne qui s'est fait tatouer qui détiendrait les droits d'auteur. Donc, reproduire le tatouage d'un autre artiste sur quelqu'un d'autre créera des problèmes.

Dans cet esprit, un domaine de conception du tatouage qui peut être plus touché que d'autres est la conception photoréaliste. Les références de ces dessins proviennent généralement d'une photo. Et ces tatouages ​​incroyablement réalistes apparaissent généralement comme des copies conformes du modèle.

Pour que les tatouages ​​soient considérés comme des "copies", cela dépend de l'image. S'il s'agit d'une image originale, il n'y a pas de problème. Mais si, par exemple, le héros de quelqu'un est David Bowie, alors leur tatouage ressemblant à Ziggy Stardust peut en effet violer le droit d'auteur. Le risque est de savoir si le tatouage deviendra suffisamment célèbre pour qu'il soit un jour un problème, ou même si la succession de David Bowie en fera un jour un problème. Après tout, cela peut aussi être considéré comme une déclaration d’amour pour sa musique.

Il est à noter qu’une affaire judiciaire majeure s'est récemment produite dans ce domaine, ce qui pourrait avoir un impact considérable sur l'industrie. Kat Von D, une célèbre tatoueuse de Miami Ink, est poursuivie en justice par un photographe car elle a utilisé une de ses photos de la légende du jazz Miles Davis comme modèle pour un tatouage. L'image montre le musicien avec son doigt sur ses lèvres. Elle a fait valoir que le tatouage qu'elle a offert gratuitement à son client était suffisamment différent de la photo originale, mais le photographe Jeffrey Sedlik soutient qu'il enfreint le droit d'auteur et les droits de propriété intellectuelle. Au moment d'écrire ces lignes, un juge a décidé que l'affaire pouvait être jugée - et si le photographe gagne, cela aura d'énormes implications pour les tatoueurs du monde entier.

D'un autre côté, un tatoueur peut également poursuivre une autre partie. Cela s'est produit avec le film Hangover II, où le tatouage de Mike Tyson a été directement reproduit sur le visage d'un autre personnage du film. Le propriétaire du tatouage, l’artiste, avait déjà déposé un droit d'auteur, il avait donc le droit de poursuivre les producteurs, et en effet, il a gagné son affaire de droit d'auteur sur le tatouage.Le type de référence et son utilisation est le plus important

Les tatoueurs utilisent plusieurs types de références pour créer leurs dessins. 

Par exemple, les anciens artistes japonais utilisaient des références orales pour imaginer à quoi ressemblait un lion ou un éléphant et les résultats sur leurs temples étaient uniques et originaux. Walt Disney a utilisé une référence de souris pour créer l'emblématique Mickey Mouse. Par conséquent, utiliser une référence n'est pas la même chose que copier, si le résultat est original et ne relève pas du droit d'auteur.

Les artistes doivent commencer quelque part et ils n'ont d'autre choix que d'apprendre leur métier en se référençant aux styles existants. Picasso, par exemple, était redevable à l'influence du Greco dans ses premiers travaux. Il a appris son style afin qu'il puisse en faire quelque chose de déstructuré puis quelque chose de jamais vu auparavant dans le monde de l'art.

Et il en va de même pour les tatoueurs - pour qu'ils apprennent, se développent et grandissent, ils doivent s'imprégner d'un maximum de références afin de trouver et de développer leur propre style. Ils doivent tester leurs limites et créer ou défaire de nouveaux styles. Dans tous ces cas, ils utilisent des références. Mais les références servent à les rendre plus qualifiés et uniques.

Maintenir l'intégrité de vos artistes et de votre studio

Donc, ce qui est important n'est pas si un artiste utilise une référence mais s'il maintient son intégrité artistique. Et en ce qui concerne les tatouages ​​​réalisés dans votre studio, la question est de savoir si vos artistes font suffisamment preuve de créativité et d'originalité quant aux références dans lesquelles ils puisent. 

Il est important de prendre au sérieux le droit d’auteur et de faire ce qu’il faut en matière de création artistique.

Un passant pourrait-il faire la différence entre un tatouage utilisé comme référence et le nouveau tatouage ? Et ce nouveau tatouage montre-t-il réellement le style de son artiste et non celui de quelqu'un d'autre ?

Si vous pouvez répondre oui à ces questions, vous n'aurez pas de problème. L'intégrité de l'artiste et de votre studio a été préservée. Mais si les lignes sont floues, les réputations peuvent être perdues, c'est donc un sujet important à surveiller dans votre studio - après tout, sans réputation, vous n'aurez pas de business. 

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